“L’Europe est et devrait rester un continent multilingue" Que pensez-vous de cette déclaration du Conseil d’Europe? Ce n’était pas la phrase la plus excitante de ma vie qui annonçait le début de mes aventures européennes. En effet, j’en étais même un peu terrifiée. C’était mon prof sympa qui m’avait demandé si j'avais envie à participer à un concours d’écriture en français. Bien-sûr que je répondais affirmativement sans aucune hésitation; tout le monde (bref: toute ma classe) savait que j’avais une passion pour cette langue. Alors me voilà, enfermée dans une petite pièce pour écrire quelque chose d’inspirant, en deux pages et trois heures maximum. La question et le papier blanc me regardaient comme un petite Française super-stricte. Elle était d’une sorte que on ne peut pas désobéir. Donc je commençais, un peu désespérée, avec la phrase que tous les francophones connaissent. "Nous sommes en 2000 après Jésus-Christ. Toute l’Europe est occupée par le vainqueur, l’anglais. Toute l’Europe? Non…" Ces lignes m’ont sauvé; grâce à elles, je gagnais la deuxième prix dans le concours. Après avoir réglée une petite inconvenance [1] je partais à Paris, côte à côte avec l’autre hollandaise francophile que je ne connaissais pas encore, Karlijn. L’aventure que nous avions gagné en écrivant, c’était une semaine à Paris. Pourtant, nous ne serions pas seules : l’Alliance Française avait organisé un sorte de concours dans vingt-cinq autres pays européens…Donc nous étions une groupe charmante de cinquante-six étrangers dans la capitale française. Cette semaine m’a donné des expériences que je n’oubliera jamais. C’est étrange comme on peut obtenir un sentiment de groupe après avoir partagé seulement quelques diners, après avoir vue les mêmes point de vues futiles, après avoir discuté quelques nuits. Je connaissais déjà ce sentiment après les colos de vacances auxquelles j’avais participé comme enfant, mais cette fois c’était différent. Il y avait tant de nationalités, tant d’accents et tant d’histoires, qu’on apprenait quelque chose de spécial chaque journée. J’apprenais comment on grandit dans la pauvre mais féerique Moldavie, que les Macédoines dînent même plus tard que les Espagnols et que presque tous les pays orientales utilisent une variante de "dober dan" comme salutation. J’apprenais de quel façon les langues sont importants pour l’identité et, contradictoirement, comment ces langues peuvent réaliser le vrai contact entre les gens. J’apprenais comme nous différons de nos voisins les plus proches (les Belges) et comme nous sommes des ignorants chanceuses parce que nous pouvons voyager si rapidement vers la ville d’amour. Finalement, j’apprenais la magie de l’amitié. La magie pure. Le groupe Chihuahua Pendant cette semaine, il y avait trois chaperons surhumains qui nous ont mené partout, en suivant un programme aussi surhumain qui durait de huit heures du matin jusqu’au minuit. Ils nous ont accompagné vers tous les coins de Paris: Montmartre, le stade de foot, Le Louvre, les ambassades, la Comédie Française, le Parc Astérix, la fête des pompiers [2], Belleville... C’est évident que trois bonshommes, c’est trop peu pour garder un œil sur 56 adolescents excités. Alors, on passait beaucoup de temps à compter et recompter – notamment au métro, l’endroit où on perdait fréquemment des compagnons. Pendant le temps d’attente, on parlait et parfois on chantait. Il y avait même un inconnu qui nous reconnaît à la fête des pompiers: "Ah, vous êtes le groupe ‘Chihuahua’!" [3]. On disait que nous étions un groupe extraordinaire. Après une semaine, c’était fini. Chacun partait avec un autre avion et le moment d’adieu n’existait pas: il y avait ces moments tout le temps, durant à peu près 24 heures. C’était un adieu triste, après cette semaine pleine d’aventures partagées. Le sentiment le plus triste, c’était la vague impression qu’on ne se reverrait jamais. On était dispersé partout en Europe et plusieurs personnes n’avaient ni de l’argent ni du boulot et par conséquent, aucune possibilité de voyager. Les (im)possibilités de la réalité Rentrée chez moi, j’avais beaucoup de photos et une feuille de papier avec quelques adresses de poste et d’email, parfois illisibles ou simplement mal écrit. Avec une petite nombre de nationalités, je gardais le contact en écrivant, pendant des mois et exceptionnellement pendant quelques années. Mais combien de temps peut-on se connaître sans se voir en réalité? La poste est un moyen très charmant et puissant, mais quand le temps passe, elle perds son pouvoir et sa magie. Au début nous avions essayé d’organisé une réunion, mais nous découvrions que c’était impossible aux raisons organisationnelles et financières. Donc on perdait l’espoir de se revoir et lentement on perdait aussi le contact. C’était une chapitre de ma vie qui fut doucement finie. Néanmoins, la vie avait prévue des petites surprises. Plusieurs années après que j’avais reçu la dernière lettre, je recevais un message sur facebook d’une de mes amies macédoines. Elle serait aux Pays-Bas pour un congrès, et peut-être qu’on pourrait se revoir? Inutile d’expliquer que j’étais enthousiaste de ce plan! Donc on se revoit, on buvait du café et on se disait au revoir de nouveau. Cette rencontre me faisait rêver des belles histoires, mais c’était disparu plutôt vite. L’espoir était encore toujours perdu. Ce que je porte encore toujours Il y a deux années quand cela changeait. Je commençais à travailler dans des projets internationales qui me permettaient de voyager partout en Europe de temps en temps. Quand je lisais que l’un de mes hôtels se trouvait à "Vila Nova de Gaia", je me réalisait que je connaissais ce nom de ville typique et que cela pourrait signifier que j’avais une amie là-bas. Elle n’avait pas de facebook et je n’avais pas d’adresse d’email…mais Google montrait qu’il y avait quelqu’une avec son nom qui se présentait comme prof de français et par cette route, on se retrouvait. Nous avons passé toute une journée à Porto, on a parlé non-stop (en français…) et nous découvrions que nous partagions encore toujours les mêmes valeurs et intérêts. Elle me donnait un souvenir que je porte encore (presque) tous les jours, comme mémoire et signe d’espoir. L’histoire continue encore chaque jour, car depuis ce rencontre, j’en suis sûr que la future aura encore des belles surprises. Il y a quelques semaines que j’ai revue encore une autre amie que j’avais crue de ne jamais revoir. C’était un accident: elle est d’origine moldave [4] mais elle vit déjà longtemps aux États-Unis, avec un bonhomme brésilien. Ce n’était donc pas du tout logique qu’on se reverrait à Amsterdam – mais voilà la réalité. Cette troisième rencontre est la cerise sur le gâteau pour moi. Elle me montre comme il y aura toujours des belles surprises quand on ne les attends pas, des histoires qui ne finissent pas, la future d’aventures. [1] J’allais commencer mon premier boulot d’été et je n’avais plus de jours libres… [2] Pendant la nuit avant le quatorze juillet (14 juillet, le jour de fête national la plus importante) il y a des fêtes chez les pompiers. C’est comparable au "Nuit du Roi" en Hollande. [3] Vous le vous souvenez? https://www.youtube.com/watch?v=iYxpi6c35ug [4] Où ça? Plus d'infos: https://fr.wikipedia.org/wiki/Moldavie
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